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9 - Rythmes biologiques
travail de nuit
risques technologiques

Dr Jean-Michel Crabbé
Mis à jour mars 2015

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Le travail de nuit est "contre-nature" et il est responsable, directement ou indirectement, des plus graves catastrophes industrielles connues et de nombreux accidents ou maladies.

Une nuit sans sommeil = 1 g/l d'alcool éthylique dans le sang.

 

 

Résumé

L'homme est programmé génétiquement pour travailler de jour et dormir la nuit. Inévitablement, toutes ses performances psychomotrices et sensorielles s'effondrent entre 1 h et 6 h du matin. Une étude sur 11000 accidents de travail a montré que les accidents sont moins fréquents la nuit, mais plus graves. Les micro-sommeils yeux ouverts peuvent durer jusqu'à 7 secondes et ils expliquent la gravité des accidents nocturnes dans l'industrie et les transports.

Le travail de nuit, le manque de sommeil, le bruit, le stress désorganisent les rythmes vitaux d'un individu et sont responsables d'accidents dramatiques et de maladies. Le naufrage du Titanic, par une nuit calme et claire, est la première grande catastrophe technologique des temps modernes typique d'une société qui ignore les rythmes naturels et la physiologie humaine.

Les exemples de ce type d'accident sont nombreux et spectaculaires.

 

2010 : L'échouage du Sichem Osprey

échouage

PARIS (AFP 26/02/2010) - Le 10 février 2010 à 4h du matin, un siècle après le naufrage du Titanic, le Sichem Osprey s'est échoué à pleine vitesse (16 noeuds) sur l'atoll Clipperton : ce chimiquier très récent de 170 m pèse le poids du porte-avion CDG (30 000 tonnes !). Malgré ses instruments, son radar et son GPS, il a réussi ce spectaculaire échouage resté confidentiel pendant deux semaines...

Il n'y avait pourtant guère de risque que ce navire vienne s'encastrer sur cet îlot minuscule de 7 km² perdu au milieu du Pacifique, à 1000 km de la première terre habitée. Parti de Panama, le bateau faisait route vers l'ouest, vers la Corée du Sud avec 10.000 tonnes de Xylène (toxique, volatile et inflammable), des graisses animales et végétales. Les opérations de remise à flot, très difficiles en raison de l'éloignement de Clipperton et de l'encastrement du bateau sur la cote, ont duré 3 semaines.

L'horaire est particulièrement significatif de ce genre d'accident. Il se produit au milieu de la nuit, à l'heure où la vigilance et les performances psychomotrices et sensorielles s'effondrent. L'endormissement et les micro-sommeils sont inévitables, incontrôlables. Le voyage vers l'ouest provoque un décalage horaire et prolonge artificiellement de presque 1 h la durée de chaque journée. Exposé a des changements d'horaires fréquents et à des journées de 25 h, le personnel de surveillance est désynchronisé et en dette de sommeil.

 

1910 : Le naufrage du Titanic

Le Titanic en 1910, la relation entre le naufrage et les rythmes de veille sommeil n'est pas négligeable

Il y a tout juste un siècle, le naufrage du Titanic se produit des conditions assez semblables pour ce qui concerne l'impact du travail de nuit sur la vigilance du personnel de surveillance.

Le 10 avril 1912, le paquebot insubmersible quitte Southampton pour son voyage inaugural à destination de New-York. Dans ce voyage rapide vers l'ouest, il faut chaque jour retarder l'horloge de bord de 40 mn : ainsi chaque journée dure environ 25 heures.
Le 14 avril à 23 h 30, par une nuit calme et claire, le navire heurte un iceberg à 700 km au Sud de Terre Neuve.

En 4 jours de navigation, le Titanic a franchi 3 fuseaux horaires vers l'Ouest : à l'horloge physiologique de l'équipage, il est environ 2 h 30 du matin, période la plus critique. Les facultés psychosensorielles sont réduites au minimum, les baisses de vigilance et les "micro-endormissements" deviennent fréquents, imprévisibles, incontrolables. De nombreuses erreurs humaines sont commises pendant cette période critique de la nuit :

titanic 1998
  • Le capitaine sous-estime les risques de sa navigation.
  • Le radio néglige un message concernant la sécurité du navire et signalant des icebergs.
  • La vigie aperçoit trop tard celui qui barre la route du Titanic.

Dans le même secteur, un autre bâtiment beaucoup plus prudent a stoppé ses machines et attend l'aube pour reprendre sa route. Le bilan est de 1490 victimes sur 2200 personnes à bord.

 

Accident nucléaire de Three Mile Island (1979 - USA) :

À Three Mile Island (USA), le 28 mars 1979 à 04 h AM (heure locale), les habitants sont réveillés par une explosion. Un jet de vapeur s'élève au dessus de la centrale nucléaire. Une panne des pompes de refroidissement d'un réacteur a enclenché le système de secours :

Les opérateurs épuisés en sont à leur septième nuit de travail et plus de cent signaux d'alarme se déclenchent simultanément :

  • La confusion est totale
  • Il faut 80 mn avant que le personnel ne réagisse efficacement
  • L'accident provoque la fusion d'une partie du coeur du réacteur.

L'alerte est donnée 3 heures plus tard et 200 000 habitants des environs prennent la fuite...! (Le monde, 30/03/1979)

 

Accident chimique de Bhopal (1984 - Indes) :

À Bhopal (Indes), dans la nuit du 2 au 3 décembre 1984, dans une usine de fabrication de pesticides, une réaction mal contrôlée provoque l'éclatement du système de sécurité de trois cuves de 45 tonnes. Un nuage de gaz toxique de 40 km² atteint le bidonville proche de l'usine, puis la ville de 500 000 habitants située à 10 km de là.

L'alerte est donnée à 02 h AM et provoque une panique générale. Les habitants tentent de fuir ou de porter secours aux blessés. Les rues sont jonchées de milliers de cadavres d'êtres humains et d'oiseaux, des chiens, des chevaux avec leurs attelages et quelques 3000 vaches sacrées. Dans les jours qui suivent, les cadavres sont enterrés ou arrosés de kérosène et brûlés sans avoir été identifiés.

Le bilan humain, imprécis, sera évalué à 16 000 morts et 600 000 personnes contaminées. (Le Monde, 05/12/1984 et Le Monde Diplomatique, 01/06/1995)

 

Accident nucléaire de Tchernobyl (1986 - URSS)

Dans la centrale nucléaire de Tchernobyl, le 26 avril 1986, après 11 h de travail ininterrompu, des électriciens font une erreur de manipulation. Un réacteur s'emballe en quelques secondes et fait explosion à 01 h 23 AM (heure locale).

Les conséquences sont catastrophiques et s'étendent à toute l'Europe. La pollution radioactive est 700 fois celle d'Hiroshima. Sur place, 1,5 millions d'individus sont irradiés et dix mille habitations sont contaminées. Une zone interdite de 10 km est établie autour de la centrale.

Parmi les 650 000 liquidateurs intervenus pour décontaminer le site, on compterait 5000 décès et 30 000 invalides (Quid 1998).

 

Accident chimique Sandoz (1986 - Suisse)

À Bâle, dans la nuit du 1 novembre 1986, le feu se déclare dans un entrepôt de stockage de produits chimiques de l'usine Sandoz. L'incendie détruit 1246 tonnes de produits chimiques et provoque une grave pollution du Rhin.

 

Les dangers du travail de nuit

Les exemples qui précèdent sont les plus spectaculaires, mais la liste peut s'allonger à l'infini. De nombreux accidents routiers très graves surviennent la nuit entre 1 h et 6 h du matin. Et bien d'autres incidents surviennent de jour par manque de sommeil : une baisse de vigilance ou un endormissement vrai sont responsables de 20% des accidents sur route et 25% sur autoroute, si ce n'est du double. (BVS Europe, 1995)

La nuit, l'individu le plus compétent perd une grande partie de capatités : ses perceptions sensorielles, ses facultés psychomotrices, son jugement sont altérés. Sa conscience devient crépusculaire et il est sujet à des erreurs incompréhensibles. Un homme réveillé soudainement peut rester confus comme dans un rêve ou même devenir violent :

On raconte ainsi l'histoire d'un chevalier anglais : réveillé brusquement par son ami, il se crut en danger et tua ce dernier !

Fléau des temps modernes, le travail de nuit est utilisé à grande échelle depuis la deuxième guerre mondiale pour augmenter les rendements industriels et commerciaux. Cette évolution ne tient pas compte de la physiologie humaine, inadaptée au travail de nuit et aux changements d'horaires fréquents.

  • On ne peut pas répartir au hasard les heures de travail, de repos et de repas sur 24 h
  • Perturbations d'une nuit sans sommeil = 1 g/l d'alcool éthylique dans le sang
 

Santé et travail de nuit

Avec le travail de nuit et les changements d'horaire, l'être humain sort de l'enveloppe temporelle naturellement adaptée au travail. Les conséquences ressemblent à celles des décalages horaires des voyages transméridiens :

  • Fatigue démesurée par rapport au travail effectué.
  • Perceptions sensorielles troublées.
  • Rétrécissement du champ visuel
  • Altération de l'appréciation des distances
  • Allongement du temps de réaction
  • Diminution des réflexes
  • Coordination et motricité perturbées
  • Dégradation des capacités de réflexion
  • Amnésie du futur : interruption du cours de la pensée et désorientation
  •  

  • Troubles psychiques pseudonévrotiques : agitation, anxiété, agressivité
  • Troubles digestifs et maladies organiques
  • Toxicité accrue des substances dangereuses

Santé, travail de nuit et trubles du sommeil sont aujourd'hui à l'origine de nombreuses maladies :

"Près de 10 millions de nos concitoyens seraient concernés par des troubles du sommeil, selon un sondage TNS Sofres de mars 2006. Il était donc temps d'agir, d'adopter une approche ambitieuse et de faire du sommeil un sujet de santé publique à part entière."
"Et nous avons besoin de recherche fondamentale sur les liens entre la dérégulation du sommeil et certaines maladies telles que le diabète..."
(Xavier Bertrand, ministre de la Santé et des Solidarités. Programme d'actions sur le sommeil. 29 janvier 2007.)

Notre ministre de la santé évoquait ainsi des problèmes qui ne sont jamais discutés dans les milieux médicaux. Aux USA une vaste étude portant sur environ 10 000 adultes de 32 à 49 ans a montré qu'un sommeil de moins de 7 heures favorise l'obésité et d'autres troubles endocriniens ou métaboliques. Le manque de sommeil est également associé à un risque accru de cancer du colon ou du sein, de diabète et de maladie cardiaque.

 

La tolérance au travail de nuit

Le travail régulier de nuit avec un décalage de phase stable est bien supporté. Il autorise une activité nocturne avec de bonnes performances psychomotrices et sans fatigue. En contre partie, il désorganise la vie familiale et sociale.

Le travail de nuit irrégulier ou posté, par exemple 3 x 8 heures, est toléré sans fatigue excessive par un sujet sur trois seulement.

 

Le tableau d'intolérance au travail de nuit

Les signes d'intolérance grave se manifestent après un délai variable de quelques mois à 25 ans de travail et plus, selon les individus. On assiste alors à une décompensation avec désynchronisation interne :

  • Troubles du sommeil persistants.
  • Utilisation régulière de somnifères sans résultats.
  • Fatigue non améliorée par le repos.
  • Irritabilité, troubles névrotiques caractérisés.
  • Troubles digestifs et cardiovasculaires.
  • Désynchronisation des rythmes de veille-sommeil, de la température et du pouls.
  • Inversion des rythmes de force musculaire entre la main droite et la main gauche.

Ces signes d'intolérance ne s'améliorent avec aucun médicament, et la reprise d'une activité diurne est nécessaire. Une rotation plus rapide que les 3 x 8 classiques, ou le maintien de quelques heures de sommeil la nuit, comme cela se fait dans la marine, pourraient diminuer le risque de désynchronisation.

 

Les effets tardifs du travail de nuit

Physiologiques : à long terme, le travail de nuit favorise l'obésité, les troubles endocriniens, les névroses, les troubles du sommeil irréversibles, la consommation de somnifères. Les troubles digestifs sont fréquents, aggravés par des horaires des repas irréguliers. Certaines études montrent des liens entre le travail de nuit et les cancers

Psychosociales : Le travail de nuit désorganise la vie des familles, s'accompagne de troubles pseudonévrotiques et impose un rythme épuisant à toute la collectivité.

 

La législation du travail de nuit

La législation ne tient pas compte des connaissances acquises à ce sujet et de la gravité des conséquences du travail de nuit. (voir page suivante)

 


 

Le domaine concerné par les rythmes biologiques est vaste, invitant à y chercher les origines méconnues de nombreuses maladies. La désorganisation des rythmes au sens le plus large peut entraîner une altération de nombreuses fonctions physiologiques. Un fonction immunitaire déficiente, par exemple, est responsable d'infections récidivantes, d'allergies et de cancers.

 

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