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Le rêve
de S. Freud à C.G. Jung

Dr Jean-Michel Crabbé
Mis à jour le 20 décembre 2018

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Alors que le modèle freudien du rêve n'est plus défendable, celui de Jung est tout à fait compatible avec la neurobiologie et avec l'expérience que nous pouvons avoir des rêves.

 
Le rêve de Freud à Jung

 

Résumé

Selon Freud, la vie psychique se développe sur un refoulement de pulsions sexuelles et violentes au cours de la petite enfance. Par la suite, les rêves réalisent ces désirs inconscients d'une façon détournée, voilée. L'analyse freudienne renforce le moi conscient, face à un inconscient exclusivement négatif.

Pour Jung, l'inconscient ne se limite pas à des pulsions refoulées. L'inconscient est un vaste réservoir dont les couches superficelles sont personnelles, et les couches profondes correspondent à l'inconscient collectif. Si le rêve manifeste des contenus refoulés, il est aussi la source d'une différenciation et d'un vaste développement psychique qui s'enracine dans l'inconscient profond. Le rêve est un phénomène naturel et utile, une fonction d'équilibre et d'orientation de la vie psychique.

 

Une guerre des idées

Pendant des siècles, l'analyse des rêves est restée empirique, remplie de contradictions et d'incohérences, basée sur d'anciennes clés des songes. Il s'agissait déjà d'une guerre idéologique, une guerre de pouvoir dans laquelle l'Église s'opposait à tous ceux qui faisaient métier d'analyser les rêves et de prédire l'avenir.

Cette situation a changé au début du xxe siècle pour devenir une vraie guerre idéologique et une guerre de pouvoir avec la psychanalyse. ,

Pour la psychanalyse freudienne dominante en France, le complexe d'Oedipe et le refoulement de pulsions infantiles jouent un rôle essentiel. Chaque rêve serait une réalisation déguisée d'un désir sexuel ou violent refoulé. L'inconscient freudien est une sorte de poubelle psychique. Le complexe d'Oedipe serait universel, à l'origine d'une névrose collective, une maladie psychique qui se manifeste par des valeurs morales, des interdits et des religions partout dans le monde.

Dès le début, cette théorie a soulevé de multiples objections. Opposés à Freud, Alfred Adler et Friedrich Nietzsche ont placé tous les deux la volonté de puissance au premier plan des motivations humaines.

Collaborateur de Freud, C.G. Jung s'en est éloigné pour présenter une conception beaucoup plus positive et fonctionnelle de l'inconscient et du rêve, le rêve devenant l'une des sources de l'individuation, processus naturel de croissance et d'équilibre du système psychique. Pour Jung, le rêve est une fonction psychique naturelle qui corrige, développe et oriente le système psychique.

S. Freud étant d'origine juive, les adversaires de la psychanalyse freudienne sont depuis presque un siècle accusés d'antisémitisme. Cette accusation empêche toute discussion de fond sur la psychanalyse elle-même. Dans ce contexte, la psychanalyse freudienne a été critiquée avec de multiples arguments incontestables :

- Henri Baruk : psychiatre, correligionnaire de S. Freud, chef de service à Charenton pendant 40 ans, professeur et membre de l'académie de médecine, auteur de nombreux ouvrages. Il a combattu une « doctrine freudienne ennemie de toutes valeurs morales individuelles, familiales ou collectives. »

Selon Henri Baruk, la psychanalyse freudienne est dangereuse pour l'individu, la famille et la société. Opposée à toute loi morale, elle conduit à une sorte de « religion du plaisir, à la satisfaction aveugle des instincts et à une sexualité sans limites ». La psychanalyse freudienne conduit à « l'égocentrisme et à la loi du plus fort, à la violence, aux conflits familiaux, au désordre social et au paganisme. »

Pour Henri Baruk,  Freud est l'un des responsables de la Shoah  En élaborant une doctrine contraire à la foi et à la mission du peuple juif, Freud serait, avec Karl Marx, l'un des faux prophètes responsables d'une rupture d'Alliance qui met en danger l'existence même du peuple juif. »

On remarque aussi que dans le judaïsme, quand il s'agit d'analyser des rêves, les rabbins s'appuyent sur d'autres méthodes et d'autres ouvrages que ceux de Freud.

SOURCES : Henri Baruk sur wikipedia.
Henri Baruk, La psychiatrie française de Pinel à nos jours, PUF, 1967.
Henri Baruk, Des hommes comme nous, Robert Laffont, 1976, etc...)
Wikipedia : La littérature de la Shoah (Wikipedia).

- Viktor E. Frankl, psychiatre et ancien analyste freudien, survivant des camps de concentration a, lui aussi, abandonné la psychanalyse freudienne. Il a développé une psychothérapie qui rend à l'existence individuelle son sens par la « créativité, par l'amour et par la transcendance ». En se référent à son expérience de la Shoah, Frankl nous montre qu'un homme peut vivre (sans drogues) dans des circonstances dramatiques et se rétablir même après avoir perdu plus que l'essentiel.

SOURCES : Viktor E. Frankl Découvrir un sens à sa vie, Les éditions de l'homme, 2006.
Interview en anglais sur Youtube.

 

S. Freud et le rêve

Freud

Bibliographie :
Freud S. - L'interprétation des rêves - 1900.
Freud S. (1925 trad. française) Le rêve et son interprétation - Gallimard, 1989.

À l'origine, Freud fait 3 hypothèses fondamentales, invérifiables, à propos du développement psychique du tout petit enfant. Il affirme que la psyché du petit enfant mâle est dominé par :

  • Un désir sexuel d'inceste : le complexe d'Oedipe.
  • Des pulsions de meurtre : tuer le père pour éliminer un rival sexuel.
  • Des pulsions d'anthropophagie : dévorer le père pour s'attribuer sa force.
  • Le refoulement des pulsions incompatibles provoque une accumulation de désirs inconscients.

Pour Freud, le rêve est un phénomère exclusivement psychique qui met en oeuvre plusieurs "mécanismes" psychiques :

  • Le rêve se produit pendant un sommeil léger, avant l'éveil.
  • Une censure psychique s'oppose à l'intrusion de ces pulsions.
  • La censure utilise "les restes diurnes", les pensées et les images des jours précédents, pour rendre les pulsions méconnaissables dans le rêve : déplacement.
  • Le rêve réalise un désir réprimé et inconscient d'une façon détournée.
  • Le rêve est le gardien du sommeil, il le protège d'un réveil provoqué par l'irruption des désirs refoulés.

Enfin, pour contrer par avance toutes les critiques, Freud affirme que chaque individu refuse, souvent avec violence, à admettre l'existence de ces pulsions refoulées.

 

Le rêve selon Freud et le sommeil paradoxal

Jouvet

Bibliographie :
Jouvet M. : Le sommeil et le rêve, O. Jacob 1992.
Laberge Stephen P. : "Evidence for lucid dreaming during REM sleep." Sleep Research, 1981 10 : 141 - 181.
Mac-Carley et Hobson : "The neurobiological origins of psychoanalytic dream théory." Am. J. Psychiat. 1977.
Trabach-Valadier C. : "Les fonctions du rêve : à propos de la neurobiologie du sommeil paradoxal." Thèse de médecine, Univ. Claude Bernard, Lyon 1988.

Sur internet : de nombreuses publications scientifiques à [Université Lyon 1]

Freud s'est basé sur la connaissance du sommeil de son époque: on pense que le cerveau se repose la nuit et que le rêve se produit au cours d'un sommeil léger qui précède l'éveil. Les liens entre une activité psychique et la neurobiologie sont également inconnus. Il y a un siècle, rien ne permet d'envisager le rêve comme une fonction neurophysiologique, et Freud ne peut que lui chercher une explication psychique.

- Les neurones phi inventés par Freud pour stocker l'énergie des désirs réprimés n'existent pas.

- Le rêve n'est pas simplement psychique il a une base physiologique.

- Pendant le sommeil lent, le cerveau fait des réserves de glucose (cellules gliales).

- Pendant le sommeil paradoxal, les neurones consomment glucose et oxygène en grande quantité.

- Le sommeil paradoxal correspond à un sommeil très profond.

- Le sommeil paradoxal s'accompagne d'un tracé d'éveil à l'EEG.

- Le sommeil paradoxal s'accompagne d'une paralysie musculaire périphérique.

- Sans sommeil paradoxal, il n'y a pas de souvenirs de rêves.

- Le rêve n'est pas "gardien du sommeil", il se produit pendant un sommeil profond réfractaire au réveil.

- Le rêve atteint son développement et sa structure finale dans la phase de sommeil paradoxal.

- La répression des désirs n'est pas la cause du rêve.

- L'activité automatique et périodique des neurones pontiques est responsable du sommeil paradoxal et du rêve.

- Les incidents spécifiques du sommeil lent ne sont jamais mémorisés (terreurs nocturnes, somnambulisme, bruxisme, verbalisation)

- Le comportement onirique du chat montrent qu'il n'est pas influencé par la faim, par la soif ou un autre besoin instinctif réprimé.

- ....., etc.

Au cours des années 1960, la neurophysiologie et les enregistrements polysomnographiques réalisés chez l'homme et sur un grand nombre d'espèces animales ont démontré que la conception freudienne de l'activité cérébrale et du rêve est complètement erronnée.  

Les restes diurnes

Selon Freud, le désir (sexuel infantile refoulé) qui déclenche le rêve est excité par les événements des jours précédents. Le rêve utilise ces événements récents pour construire le rêve en dissimulant les véritables désirs sexuels inconscients qui lui donnent naissance.

"Si, recherchant l'origine des éléments du rêve, j'examine ce que me fournit ma propre expérience, j'affirmerai d'abord que tout rêve est lié aux événements du jour qui vient de s'écouler." (S. Freud. L'interprétation des rêves. Presses Universitaires de France, 1967.)

L'exemple des rêves d'astronautes prouve que Freud se trompait. Comme le rapporte le Pr. Michel Jouvet, les astronautes ne rêvent jamais de leurs vols dans l'espace, même au cours de séjours prolongés en orbite autour de la terre.

L'observation quotidienne des rêves montre aussi un autre phénomène, en particulier chez les personnes qui voyagent : Il existe un délai statistique de quelques semaines entre une situation nouvelle et son incorporation dans les rêves.

De très nombreux récits prouvent que les restes diurnes ne sont pas à l'origine de tous les rêves. Les rêves surprennent très souvent les rêveurs précisément parce qu'ils leur apportent des images extraordinaires ou percutantes sans aucune relation avec leur vie quotidienne.

Effondrement du modèle freudien du rêve et définition physiologique du rêve

De tout ce qui précède, il résulte que la conception freudienne du rêve est indéfendable. Le sommeil paradoxal est une activité neuro-physiologique dont le seul résultat objectif est l'activité onirique :

« Les rêves sont une nécessité biologique et forment une fonction d'intégration et de récupération aussi importante que nos grandes fonctions physiologiques. » (Magnin P. - Le Sommeil et le Rêve - PUF "Que Sais-je", 1990.)

« Le rêve rend opérationnels les conditionnements innés de nos systèmes neuronaux. C'est le gardien de l'équilibre psychique et des comportements spontanés. Le rêve est une protection contre les erreurs de comportement, la déraison, les actes inconsidérés, les influences perverses et néfastes. » (Jouvet M. - Le sommeil et le rêve - O. Jacob, 1992.)
 

École freudienne et neurobiologie

La psychanalyse, bousculée par la neurobiologie, en est restée à la "conception freudienne du rêve" et les découvertes d'une poignée de chercheurs sont restées totalement incomprise par une majorité de psychiatres, psychanalystes et psychologues qui n'ont aucune réflexion logique.

D'autres tentent aussi de sauver une théorie qui appartient déjà au passé. Après la découverte du lien entre sommeil paradoxal et rêve, des publications comme celle de Foulques (Dream research, 1953 - 1993. Sleep 1996) tentent de prouver que le sommeil paradoxal n'est pas la base physiologique du rêve.

Bourguignon (Neurophysiologie du rêve et théorie psychanalytique, 1968), affirme que la neurobiologie vient confirmer "une théorie analytique qui repose sur des faits bien observés... Le domaine du rêve montre l'avance considérable que la psychanalyse a pris sur les sciences biologiques..." (Bourguignon, cité par Jouvet).

Ces publications ignorent les multiples arguments convergents qui conduisent à cette nouvelle définition du rêve.

Non seulement les hypothèses initiales de Freud à propos du système nerveux et des rêves sont fausses, mais la neurophysiologie moderne les rend inutiles en expliquant le rêve d'une façon entièrement nouvelle.

 

L'école freudienne et CG. Jung

En 1911, A. Adler est le premier collaborateur de Freud à prendre son indépendance. Pour lui, le psychisme et la volonté de puissance d'un individu évoluent à partir d'un sentiment initial d'infériorité. Le rêve est une création tournée vers l'avenir et vers la réalisation d'un désir de puissance.

Freud, Jung En 1912, CG Jung, psychiatre et collaborateur de Freud, publie "Métamorphoses et symboles de la Libido" Ce livre lui coûte son amitié avec Freud. Au prix d'un travail de recherche considérable et de nombreuses publications, Jung montre que l'inconscient comprend des images universelles primordiales (les archétypes), des dynamismes psychiques variés (théorie des complexes), et un fond commun à toute l'humanité, (l'inconscient collectif). Jung conteste le rôle exclusif des refoulements sexuels et du complexe d'Oedipe dans la petite enfance.

Le travail de Jung est très structuré et repose sur des bases expérimentales. Ainsi le mot "complexe", passé dans le langage courant à cause de sa pertinence, vient de la psychologie jungienne.
Jung considère le rêve comme un phénomène naturel qui équilibre et enrichit la conscience. L'inconscient, selon Jung, est ambivalent. Parfois source de névroses et de catastrophes psychiques redoutables, il est aussi à l'origine des comportements spécifiques des espèces (archétypes) et de la différenciation du psychisme individuel (individuation).

Après la guerre de 39 - 45, certains freudiens en viennent à critiquer la vie privée de Jung et à donner de lui une image douteuse. Jung est décrit tour à tour comme un mystique, un illuminé, un sympathisant nazi, un antisémite, un amoureux éconduit d'une maîtresse de Freud, un chef de secte. Après bien d'autres, l'ouvrage de Richard Noll (1999) "JUNG, LE CHRIST ARYEN" est un modèle de cette littérature à propos de CG Jung:

"Carl Gustav Jung fut le disciple, puis l'adversaire le plus célèbre de Freud. Sa théorie des mythes, des archétypes et de l'inconscient collectif a définitivement modelé la culture universelle. Dans ce livre, Richard Noll évoque les soixante premières années de sa vie et révèle un homme habité par l'occultisme, le mysticisme, le néo-paganisme et l'antisémitisme. Dans sa clinique de Zurich, avec ses adeptes qu'il analyse et subjugue, Jung va fonder une nouvelle religion. Il se prend lui-même pour un dieu à tête de lion et séduit ses patientes afin qu'elles retrouvent leur moi ancestral. Parmi elles, notamment, la fille de Rockefeller, etc.

De nombreux documents et témoignages inédits, recueillis par Richard Noll, dressent un portrait terrifiant de ce Jung inconnu et secret, soigneusement occulté jusqu'à aujourd'hui."

Richard Noll est américain, psychologue et professeur à Harward d'histoire de sciences. Spécialiste de Jung, il a publié aux États-Unis "Le Culte de Jung".(traduit de l'anglais par Philippe Delamare)

Or une telle accumulation de critiques n'est pas crédible. Si le travail de Jung fut reconnu dès 1909 aux USA, il est maintenant confirmé par les découvertes faites en neurobiologie. Si le XXe siècle a été celui de la psychanalyse freudienne, le XXIe siècle sera probablement jungien.  

C.G. Jung, Freud et le nazisme

Voir Ernst Harms. Carl Gustav Jung - Defender of Freud and the Jews. Psychiatric Quaterly (Urica N.Y) avril 1946 :

"Le 21 juin 1933, Jung acceptait la présidence de l'Überstaatliche Ärztliche Gesellschaft für Psychotherapie (Société Médicale Internationale de Psychothérapie) qui réunissait les sociétés nationales d'Allemagne, du Danemark, de Grande-Bretagne, de Hollande, de Suède et de Suisse et avait son siège à Zurich.
Bien que les membres juifs et autres antinazis eussent été exclus de la société nationale allemande, Jung, en tant que président, leur permit de devenir membres de la société internationale. C'est pourquoi les successeurs de Jung ont défendu sa présidence, tandis que ses adversaires attaquaient sa participation à une société ayant des attaches avec l'Allemagne nazie."
(dans "CG Jung parle, rencontres et interviews" Buchet/Castel 1985)

Jung a protégé tous les psychanalystes allemands, sans distinction d'école ou de religion, contre le régime nazi, en leur offrant l'appui d'une société internationale.

D'autre part, le psychiatre juif Henri Baruk, 1897-1999, est très critique sur la psychanalyse freudienne. Médecin chef de l'hopital de Charenton pendant 40 ans, professeur, membre de l'académie de médecine et auteur de nombreux ouvrages, il a toujours combattu une doctrine freudienne ennemie du monothéisme hebreux, et il a dénoncé ses effets délétères sur les individus, la famille et la société :

- La psychanalyse freudienne affirme la primauté des désirs normaux ou anormaux sur toutes les règles morales, religieuses ou familiales. Elle ramène l'homme à son animalité primitive, au plaisir égoïste, à la violence et aux perversions.
- Avec l'hypothèse du complexe d'Oedipe, la psychanalyse freudienne renforce les conflits familiaux et dévalorise le père, elle conduit au mépris de toute autorité et à la devise « ni Dieu ni maître ».
- La psychanalyse freudienne affirme que la religion est une névrose collective. Elle est ennemie du judaïsme et de ses valeurs morales, elle conduit au retour du paganisme, à l'égocentrisme et à la loi du plus fort.

 

CG Jung : le médecin et les AA

Bibliographie : CG. Jung parle, Rencontres et interviews (Buchet/Castel - 1985) - CG. Jung, le Divin dans l'Homme, Lettres sur les religions (Albin Michel 1999) - CG. Jung « Ma Vie » Autobiographie (Gallimard)
Yi King, traduction de R. Wilhelm et E. Perrot (Librairie de Médicis) - La préface de Jung à l'édition anglaise est retraduite dans "Synchronicité et Paracelsica")

Site jungien francophone cgjung.net : présentation de la psychologie analytique, bibliographie, conférences.

A propos des AA : « Avec les Alcooliques Anonymes » par Joseph Kessel, journaliste - Le Langage du Coeur, articles du AA Grapevine par Bill W. The AA Grapevine, inc. New York, 1993 et traduction française 1995. Ouvrage disponible aux Services généraux des AA, rue Trousseau à Paris.

JungDécouvrir CG. Jung : La réputation de Jung comme médecin, psychiatre, chercheur et auteur de nombreux ouvrages était internationale dès les années 20. Son autobiographie « Ma Vie », écrite en 1957, dans sa 83e année, fait découvrir un homme étonnant. Travailleur infatigable, voyageur, il était « disert, amical, et très souvent plein d'humour ». Introverti, de type « pensée-intuition », il aimait aussi la solitude de sa tour, à Bollingen. « Jung parle » présente un grand nombre de lettres et d'interview, ses idées sur l'homme, les religions, les dictatures. Jung fut également présenté par John Freeman en 1959, dans l'émission télévisée de la BBC "Face à face".

Une autre image de Jung : Extrait de Le Langage du Coeur, articles du AA Grapevine par Bill W.

« Après s'être retiré de la direction du mouvement AA en 1961, Bill W., co-fondateur des Alcooliques Anonymes, s'est attaqué à une tâche qu'il souhaitait depuis longtemps entreprendre, celle de souligner la dette de reconnaissance des AA envers tous ceux qui avaient contribué à la naissance du mouvement. L'une de ces personnes était Carl Jung, à qui Bill a écrit le 23 janvier 1961. »

« Cher Docteur Jung,

Depuis longtemps déjà j'aurais dû vous écrire pour vous dire toute ma reconnaissance. Permettez-moi d'abord de me présenter. Je m'appelle Bill W. et je suis cofondateur de l'association des Alcooliques anonymes.

Vous nous connaissez sans doute déjà, mais saviez-vous qu'une conversation que vous avez eue avec l'un de vos patients, un certain Rowland H., au début des années 30, a joué un rôle crucial dans la naissance de notre association ? Bien que Rowland H. soit depuis longtemps décédé, le récit de son expérience remarquable, alors qu'il était soigné par vous, est entré dans l'histoire des Alcooliques anonymes. Voici ce que nous retenons de ses déclarations au sujet du traitement qu'il a suivi avec vous. Ayant épuisé toutes les autres ressources pour se rétablir de son alcoolisme, il est devenu votre patient vers 1931. Je crois qu'il a reçu vos soins pendant peut-être un an. Il vous vouait une admiration sans bornes, et il était très confiant quand il vous a quitté....

(Suit 30 ans de l'histoire du mouvement AA)

...Depuis vingt-cinq ans, nos cas de rétablissement soutenu se chiffrent à environ 300 000. Il y a aujourd'hui 8 000 groupes des AA en Amérique et dans le reste du monde.

(Environ 100 000 groupes et 2 ou 3 millions d'alcooliques rétablis à la fin des années 90).

C'est donc à vous, au pasteur Shoemaker des Groupes d'Oxford, à William James et à mon médecin Silkworth, que les AA doivent cet immense bienfait. Comme vous vous en rendez sûrement compte maintenant, cette incroyable suite d'événements a en fait commencé il y a longtemps dans votre cabinet, et elle découle directement de votre humilité et de votre profonde intuition. De très nombreux membres des AA étudient vos écrits. Votre conviction que l'être humain est plus qu'intelligence, émotions et réactions chimiques vous a rendu particulièrement cher à notre coeur. Les livres et brochures que je vous envoie décrivent et expliquent le développement de notre association et de ses traditions d'unité, ainsi que son fonctionnement.

Vous serez sans doute intéressé d'apprendre qu'en plus d'une « expérience spirituelle », de nombreux membres ont connu divers phénomènes psychiques qui forment tous ensembles une somme considérable. D'autres membres, après s'être rétablis au sein du mouvement, ont reçu beaucoup d'aide des membres de votre profession. Certains sont intrigués par "I Ching" (le Yi King, traduction de R. Wilhelm, Librairie de Médicis) et par votre remarquable présentation de cet ouvrage.

Soyez sûr que vous occupez dans notre affection et dans l'histoire de notre association une place incomparable.

Avec reconnaissance : William G. W., Cofondateur des Alcooliques Anonymes.

L'homme auquel ce message s'adresse n'a rien de commun avec la description que Noll nous fait de CG. Jung : "Cherchez l'erreur !"

 

CG. Jung, le rêve et la neurobiologie

Bibliographie, quelques ouvrages de CG Jung : Dialectique du moi et de l'inconscient, L'homme à la découverte de son âme, L'homme et ses symboles, Sur l'interprétation des rêves.

La conception jungienne du rêve s'accorde avec les découvertes avec la neurobiologie moderne et pour Jung, le rêve est une expression de la nature instinctive : l'homme moderne et rationnel a appris à dominer ses instincts. Les couches instinctives fondamentales, toujours présentes, font partie de l'inconscient et s'expriment dans les rêves. Cependant la cloison hermétique établie entre la conscience moderne et le psychisme primitif crée une dissociation :

"Pour sauvegarder la stabilité mentale et même la santé physiologique, il faut que la conscience et l'inconscient soient intégralement reliés, afin d'évoluer parallèlement. S'ils sont coupés l'un de l'autre ou dissociés, il en résulte des troubles psychologiques. A cet égard, les symboles de nos rêves sont les messagers indispensables qui transmettent des informations de la partie instinctive à la partie rationnelle de l'esprit humain. Leur interprétation enrichit la pauvreté de la conscience, en sorte qu'elle apprend à comprendre de nouveau le langage oublié des instincts."

La neurobiologie moderne nous confirme que le rêve se déclenche bien à partir des structures profondes et instinctives du système nerveux central.

Que dit le rêve ? Jung abandonne la méthode freudienne des libres associations qui entraîne toujours très loin du récit du rêve. Il s'en tient aux images et aux idées qui font manifestement partie du rêve. Il tourne autour du rêve et ne s'en écarte guère. Jung cherche à décrypter le message que l'inconscient adresse à la conscience au moyen d'images et de situations en apparence absurdes.

La neurobiologie confirme que le langage du cerveau droit est en apparence absurde : non verbal, alogique, imagé et symbolique, comme celui des rêves.

Fonction créatrice du rêve : Tout comme Descartes, Poincarré et Kékulé, Jung constate l'apparition, dans les rêves, d'images et d'idées qui ne peuvent pas être attribuées à la seule mémoire. Certains rêves expriment de nouvelles pensées, jusque là inconnues et inconscientes.

La neurobiologie confirme que le sommeil paradoxal et le rêve correspondent à une activité cérébrale très intense et différente de l'activité diurne.

Rétablir l'équilibre psychique : Selon Jung, la fonction générale du rêve est de compenser les déséquilibres psychiques et les attitudes unilatérales de la conscience.

La neurobiologie confirme que l'activité onirique se renforce en période de stress et de déséquilibre psychique.

L'anticipation dans le rêve : pour Jung, beaucoup de crises ont une longue histoire inconsciente et les rêves contiennent des avertissements. L'homme s'avance pas à pas sans voir le danger qui s'accumule. Ce qui échappe à la conscience est perçu par l'inconscient qui le traduit en rêve. Il s'agit précisément d'une situation analogue qui apparaît dans le rêve d'Abrahm Lincoln (rêve au chapitre 10).

L'interprétation jungienne du rêve est un travail absolument individuel qui s'en tient strictement au récit du rêve, alors que l'interprétation freudienne s'en éloigne. Il n'existe ni interprétation prédéterminée, ni "guide préfabriqué" pour comprendre les rêves. Il faut explorer le contenu du rêve avec la plus extrème minutie. La seule hypothèse de base est que les rêves ont, par quelque coté, un sens...

"Les rêves ne protègent nullement contre ce que Freud appelle le désir incompatible. Ce qu'il appelle travestissement du rêve est en réalité la forme naturelle de nos impulsions dans l'inconscient... Il n'y a pas de différence entre la croissance organique et la croissance psychique. Comme une plante produit des fleurs, la psyché produit des symboles."

La résistance d'un patient à l'interprétation est, pour Jung, le signe "que quelque chose ne va pas". Elle montre que le patient n'a pas encore atteint le stade où il peut comprendre, ou encore que l'interprétation est erronnée.
Selon Freud, un telle résistance est la preuve des refoulements et de la censure... mais "absence de preuve ne vaut pas preuve".

Les archétypes sont, pour Jung, les dynamismes spontanés et fondamentaux caractéristiques d'une espèce vivante. Ils se manifestent dans les rêves et sont à l'origine de comportements spontanés et relativement universels. Cette définition jungienne des archétypes et leur caractère inné s'accorde avec la "programmation génétique des comportements instinctifs", proposée par M. Jouvet comme fonction du sommeil paradoxal lors de la maturation cérébrale :

"Tout comme le corps humain est une collection complète d'organes, de même nous trouvons dans l'esprit une organisation (fonctionnelle) analogue... L'archétype est une tendance instinctive naturelle, aussi marquée que l'impulsion qui pousse l'oiseau à construire son nid, et les fourmis à s'organiser en colonies.
Si le caractère inné des archétypes étonne, que dire de la complexité des fonctions symbiotiques des insectes, car la plupart d'entre eux ne connaissent pas leurs parents, et n'ont reçu d'enseignement d'aucune sorte."

Ainsi, la neurobiologie moderne et la conception jungienne du psychisme, de l'inconscient et du rêve se complètent pour décrire le sommeil paradoxal et le rêve comme une fonction psycho-physiologique naturelle.

L'égo de Freud à Jung

Freud et Jung sont tous les deux médecins, confrontés aux maladies mentales et aux manifestations angoissantes de l'inconscient. Dans certains cas, l'effondrement de l'égo et la destruction du psychisme conscient sous la pression de l'inconscient sont des évidences dramatiques. Freud et Jung insistent l'un et l'autre sur le nécessaire maintien d'une plateforme psychique consciente assez stable pour supporter la puissance parfois destructrice de l'inconscient.
Leurs attitudes sont ensuite diamétralement opposées.

Pour Freud, l'inconscient est une collection de pulsions angoissantes et incompatibles que la conscience doit maitriser et rejeter. Aussi l'analyse freudienne vise à renforcer la personnalité consciente face à l'inconscient. Le rêve, "Voie Royale", n'est finalement guère exploité et interprété, et les récits de rêves sont rares. L'analyste est un modèle et une aide dans cette lutte de l'égo contre l'inconscient.

Pour Jung, l'inconscient est à la fois un élément perturbateur et un moteur de transformation et d'évolution de la personnalité. Le travail analytique tend à éclairer et à intégrer les éléments psychiques inconscients qui se manifestent, en particulier dans les rêves. Dans ce travail de réflexion et de reconstruction, l'égo se subordonne consciemment et volontairement à l'inconscient. L'analyste veille à la stabilité de l'égo et participe à ce travail d'intégration.
Dans les cas où l'analyste rencontre un moi conscient très fragile et un inconscient destructeur (noyau psychotique), l'analyse cherche à fortifier l'égo et à le protéger contre l'inconscient.

 

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